lundi 9 septembre 2013

La Guerre

En 1945, au sortir de la clandestinité (2eme région militaire ftp) les anciens ont été convoqués au camp du Valdahon à la frontière Suisse. On nous a équipés et habillés en américains, on nous a incorporés dans la première armée française commandé par de Lattre de Tassigny. On nous a laissé nos grades (moi lieutenant) et on nous a envoyés sur le front, les allemands tenaient toujours la rive gauche du Rhin. Ce fut un carnage. En ce qui me concerne j'ai rampé doucement à l'envers et je suis revenu vers un poste de commandement. Là un officier après avoir vu mes papiers m'a dit : "le pays n'a que faire d'un héros mort, il vaut mieux que vous l'aidiez en poursuivant vos études. Je vous démobilise."

France Navigation

J'ai fait dans les années 50 la connaissance d'un ami des il s'agissait du Marquis Méandre de Sugny. Il avait créé une société: France Navigation. Au moment de la guerre d'espagne il fournissait des armes à la république espagnole. Avec ma Renault décapotable, j'avais emmené le marquis et Dominique dans un hôtel que je connaissais au dessus de Grasse.

L'origine de l'argent de John

Notre mère a essayé d'obtenir des dommages de guerre sur une grande villa et un terrain à Cabourg avec l'aide de l'avocat Michel Pezet, tout jeune, et ils se rendent ensemble à Cabourg. Pezet est intervenu et a fini par obtenir le quart de la valeur de cette villa détruite et du terrain boisé qui était autour. Ma mère l'a transmis immédiatement à mon frère qui était en train d'acheter rue de Verdun à Marseille une scierie. Il l'a faite raser pour construire un immeuble avec au cinquième étage un grand appartement. John a commencé à ouvrir un important garage avec l'aide d'un suisse qui s'appelait Soudan. Ce garage est devenu aujourd'hui Renault Verdun. Fort de cet appui original mon frère m'avait dit: tu auras pendant des années une rétribution normale, que je fixe à 1000€.

lundi 1 juillet 2013

Visite à Olympie

Au cours d'un de ces grands essais de voitures dans les années 70, la firme FIAT m'avait invité et mon protecteur Mr Brianti avait accepté au cours de ces essais une escapade que je lui avais réclamée. Nous étions dans le Péloponèse, je voulais aller à Olympie. Accompagné de mon guide, on voit encore les différents trajets qui ont été mis à jour pour la course. Où est le cent mètres, demandais-je. C'était un 143 mètres me dit mon guide, et il est là. Malgré ses réticences je me suis lancé sur les foulées de 2600 ans où je retrouvais le temps. J'ai couru et j'ai recommencé deux fois. Le guide, montre en main, m'a dit en souriant: "ce n'est pas si mal, en tenant compte des whiskys" Je me souviens bien d'une certaine émotion dans ce site alors désert mais qui réunissait, venus de toute la Grèce et d'ailleurs, des milliers de jeunes athlètes. Je crois avoir projeté des images recherchées et j'ai là, entendu les clameurs des olympiades.

Une noyade évitée

C'était en Dalmatie dans les années 60, je redescendais des hauts plateaux, une route en terre et surtout en pierre. Un gros orage venait de finir. J'arrivais sur une étendue noyée et je cherchais la route avec de l'eau jusqu'au plancher de la voiture. Quand j'ai entendu force klaxon: un autocar était derrière moi, le chauffeur est arrivé à ma hauteur et m'a fait signe de changer de direction et de le suivre. Nous sommes arrivés dans des gerbes d'eau jusqu'à un petit village. Le chauffeur était très animé. Finalement, un personnage âgé est venu, il parlait français. J'ai su que je venais d'échapper à une noyade car l'inondation cachait de grands encorbellements. Le chauffeur se repérait à de longs poteaux que je n'avais pas vus.

Réflexions dans le jardin

Dans le jardin je regardais des fourmis courir sur une table basse. Certaines étaient minuscules, à la limite de la vision. Je me suis posé une question: cet infiniment petit a donc une vision, une mémoire, une réflexion qui lui permet un choix, celui des directions. Mais a t'elle cette conscience de soi chère à mes travaux universitaires. La taille est-elle un élément constitutif de ce postulat qui est son existence.

jeudi 9 mai 2013

Annie

Issue de deux familles: les Dufour Lyonnais et les Giraud du Var. Je l'ai rencontrée sur la canebière où filles et garçons se promenaient vers 17 heures après la classe. Je lui ai dit que je suivais des cours de nage en dos crawlé à la piscine des Dauphins sur la corniche. Le professeur était Duvallet qui fut champion de France. Je m'y entraînais, nous étions en 1943, pour des championnats universitaires à Lyon. A quelques jours je la vis qui de la rambarde regardait la piscine. Je suis parti en maillot la rejoindre. On se donnait rendez-vous à Sormiou où je lui dis que j'y serai dimanche avec Pierrot Baliver, Jean-pierre Lindenmeyer et Pierre Temin. A Sormiou on avait construit un kayak avec l'aide d'un menuisier qui avait son atelier à coté de la République. Il deviendra le sherpa avec qui j'ai grimpé. Ce jour là Annie est venue dans la calanque près du kayak et n'a pas voulu y monter. Je lui ai dit: "ou vous montez ou vous vous noierez sous mes yeux !" Elle est montée et elle a connu tous mes copains, garçons cultivés et drôles, et ce fut durant trente ans et jusqu'à sa fin une vie passionnante et belle. En 1947 nous nous marions avec comme témoins Lazare et Jean-pierre. C'est Gaston Defferre qui nous nous réunit. Il m'a dit "mais chez vous que vont ils dire ?" C'était l'époque des affrontements. Il avait fait préparer un petit buffet at avait laissé la porte de l'Hôtel de ville ouverte pour éviter la nullité. Je lui avais rappelé que le père de Jacques Hubinet était socialiste. Par la suite lorsque nous nous rencontrions pour le travail il ne manquait jamais de me demander des nouvelles de Jacques et Patricia.
Gràce à son oncle qui était un ingénieur des ponts et chaussées Annie a fait des études et a obtenu un diplôme de sage femme. Elle fut nommée à l'hopital de La Conception mais elle n'était pas inspirée par les gros ventres et leurs suites. Physiquement c'était une fort belle fille mince et mesurant 1m75.
A Marseille pour une clientèle de bourgeois riches la haute couture avait fait une tentative d'installation. Annie fut contactée et sa période mannequin dura trois ans. Corrolaire à la couture plus ou moins haute, la parfumerie s'installait à Marseille. Elle y avait une tradition avec Lorenzi Palanca, qui était un parfumeur et qui créait des parfums. Le secrétaire du syndicat des parfumeurs, Truphème qui avait son magasin au bout du cours Mirabeau à Aix, cherchait quelqu'un pour tenir sa boutique à l'aéroport de Marignane. Il fallait s'y rendre tous les jours, les candidats n'étaient pas nombreux. Annie fut choisie, elle y montra vite de grandes qualités. Au bout de dix huit mois elle proposa de prendre l'affaire à son compte mais il fallait l'accord de la chambre de commerce propriétaire de l'aeroport. A l'époque j'avais développé à La Marseillaise tout un secteur économique, j'avais établi des liens d'amitié avec Léon Bétousse dirigeant du port autonome de Marseille et Jacques Deguignes président de la chambre de commerce. Celui-ci facilita l'opération d'installation d'Annie et lui ouvrit les portes du sous douane. Elle fit construire par un spécialiste niçois une fort jolie boutique dans le hall de l'aéroport. Rapidement son affaire "Annie Parfums" prit de l'importance. Elle alla voir les grandes marques à Paris, etpour la plupart des contrats dont Guerlain qui était le Must.

vendredi 4 janvier 2013

Les Femmes

La féminité créatrice, bien sûr, mais aussi un accompagnement de cette création, par exemple les lionnes: la tétée et la chasse.
Ma mère qui était d'une grande famille d'origine belge, les Dewachter, fut d'une branche plus ou moins ruinée. Elle se battait pour des dommages de guerre, une grande villa à St Malo et un grand terrain. Pour vivre elle s'était établie couturière. J'ai encore ses grands ciseaux. Annie, Odile (professeur de lettres et peintre, Annie Flechon, France Rastoin, Dominique Desanti, Jacqueline de Grandmaison.

John

John, mon frère. Il est mort le 12 décembre 2012 à 16h dans sa grande maison d'Aix. Jeanine était auprès de lui, il pleuvait et le 15 décembre les obsèques ont eu lieu à 10h à la cathédrale d'Aix en Provence avec comme officiants deux pénitents. J'étais là près de son cercueil. Il a été inhumé ensuite dans le somptueux cimetière de Puyricard.
C'est un autre moi-même, jusqu'au bout si ce n'est à l'extrême fin quand il ne me reconnaissait plus. Il avait quitté le monde de la connaissance par sa mémoire sclérosée. Mon frère fut là sans cesse. Lui me situait dans la tendresse, une grande tendresse attentive. J'étais "son petit frère chéri".
Nous avons vécu très proches ou en contact continu tout ce morceau de siècle depuis notre tendre enfance, c'est à dire après les années 1920 pour moi et 1921 pour lui. Je refusais l'idée de sa mort. Je ne l'avais pas intériorisée, à tel point que lorsque Patricia est venue tout exprès d'Aix à Carry et m'a dit "John est parti" j'ai cru sur le moment qu'il était parti dans cette colline où il aimait se promener avec son chien. J'ai assisté aux obsèques dans la grande cathédrale d'Aix-en-Provence, officiée par deux pénitents et ensuite à la mise en terre dans ce cimetière luxueux à Puyricard. Mais en rentrant à Carry je me suis surpris à une image: lui seul dans cet immense lieu. J'étais dans une sorte d'effroi et d'une grande tristesse. Une image est sortie de cet arrachement. Mais je suis en train de la retrouver dans une solide réalité, celle de la mémoire. Les images sont là et c'est la vie. Dans l'appartement de la rue Louis Astruc à Marseille nous partagions le trajet par la place Jean Jaurès, sa butte aux magnolias et son bassin circulaire pour la descente vers le Lycée Thiers. Un Lycée de belle qualité au nom d'un personnage affreux, le massacreur de la commune et l'homme de l'occupant Allemand déjà... Je retrouvais mon jeune frère parfois aux récréations où il était l'objet de railleries infantiles méchantes a cause de sa chevelure abondamment bouclée.
Mais, retournement, Cette chevelure dénichée par Pagnol lui a valu deux ou trois films: Merlusse, où il était Pic, Cigalon, tourné à la Treille etc..
Des images encore, nous préparions nos devoirs et nos interrogations sur un tableau noir que ma mère avait fait installer dans la cuisine.
Il y eut les Scouts, moi plus que lui aux Routiers. J'étais avec Lazare et Balivet, lui avec ses amis et une famille de cheminots dont il épousera plus tard la fille.
A Thiers j'ai eu un professeur de Français, Varin, qui a été fusillé sous l'occupation. Je faisais du Latin et du Grec. John déjà faisait un peu d'argent, il m'avait prété son vélo, avec lequel nous sommes partis dans le Vercors avec Lazare.
J'ai été présenté au concours général en Français et aux jeux floraux de Toulouse.


Nous deux chez Patricia