Pour ma mère, il faut partir des Dewachter et des Esders, originaires de Mons-en-Bareuil. Ils ont créé les premiers magasins à la même enseigne pour des villes différentes. C'était l'habillement. Ma mère, sa mère est morte en couches, était la fille d'un Louis qui a épousé une Dewachter en secondes noces. Elle n'était donc pas admise dans le saint des saints. Son père a donc mis sa fille dans une sorte de pension à Labry. Nous avons avec ma mère visité la maison où elle a habité et nous avons vu la poncette où elle jouait, c'était l'étalement d'un petit cours d'eau.
Dans l'escarcelle des Dewachter il y avait un très grand magasin au carrefour Canebière-Dugommier et le Modern hôtel sur le quai des Belges. Ma mère avec sa famille a donc habité cet hôtel, elle m'a raconté sa vie d'enfance (le coup des rideaux brûlés) et ensuite parmi eux la tendresse découverte. C'est dans cet hôtel que mon père l'a connue. Il avait fait un stage dans l'aviation en 1917. Il a été blessé à une jambe au "chemin des dames" pendant l'offensive allemande. On l'avait donc envoyé à Marseille pour sa convalescence, et le Modern Hôtel recevait des blessés de guerre. Mon père et ma mère se sont tout de suite aimés. Ma mère a invité mon père à une villa qu'ils avaient à Hyères. Le père Dewachter a confié à mon père la recherche d'adhérents fortunés pour créer une grande brasserie dans le Var. Une belle somme a été trouvée mais le notaire serait parti avec la caisse!
Je suis né à cette époque, en 1920. A l'âge de trois ans ma mère m'a emmenée dans cette belle villa mais truffée de serpents. J'ai des lettres de mon père de cette époque, des lettres très dures pour eux mais pleines d'amour, mon père qui vivait avec quelques sucres par jour a finalement trouvé un emploi à Marseille dans un hôtel: Le Californie. Il y a instauré le change, qui était très fructueux avec une clientèle coloniale qui en était friande. De l'argent est rentré et ils ont acheté un appartement rue Louis Astruc, où mon frère et moi avons passé des années. J'ai été scout et rencontré Gaston Rebuffat et fait mes premières escalades. Mon frère était inscrit à la faculté des sciences, moi j'étais au Lycée Thiers. J'avais pour collègue Pierre Barbizet qui a été directeur du conservatoire de Marseille. A cette époque j'ai passé un double bac lettres et sciences gràce à un ami de mon collègue Lazare qui nous donnait des cours d'une grande qualité. Il s'appelait Bilorevsky et il m'a fait découvrir et aimer l'algèbre.
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