vendredi 9 décembre 2011

Souvenirs de guerre (2)

1943- Juin.

Sur les indications de nos amis étudiants gaullistes d'Aix-en-Provence, Lazare et moi partons pour les Cévennes. Le père de Lazare Goldzahl, un ébéniste palestinien, juif Eskénazé, venait d'être arrêté par la milice à la gare de Marseille et déporté. Lazare me dit: "Robert, il faut leur faire payer à ces bandits de nazis!"
Nous sommes donc allés dans les Cévennes à la Couvertoirade, l'adresse était bonne et nous avons été reçus par le commandant Barraud, commandant d'active qui avait regroupé sous l'égide de l'armée secrète (AS) une dizaine de jeunes, c'était son maquis. Il avait semble t'il remonté un canon de 75. Son premier souci était de nous donner une base militaire, c'est à dire marcher au pas.
Deux ou trois mois après notre départ, les allemands sont intervenus et des jeunes ont été tués et lui tué à sa pièce.
Au cours de ces pénibles journées nous avont appris l'existence d'un autre maquis.
A St Etienne Vallée Française et Florac, c'était un maquis MLN (mouvement de libération nationale), d'inspiration socialiste et recevait de nombreux parachutages anglais. Gaston Deferre a participé à cette organisation clandestine qui devait beaucoup aux protestants du Gard.
Nous sommes donc allés chez les MLN, mais très vite des mineurs du bassin minier d'Alès nous ont contactés: "Venez chez nous, nous nous battons".
C'est ce que nous avons fait en emportant quelques armes et notamment des mitraillettes Sten dont il regorgeait. Chose apparemment curieuse, c'est la gendarmerie qui a procédé au transfert.
Là effectivement nous sommes entrés dans ce maquis franc-tireurs et partisans Français (FTP) dans l'action armée contre la milice. Tout d'abord à laquelle nous avons pris des Traction avant Citroën. J'ai une photo au volant de l'une d'elles avec une mitraillette Allemande Radom sur les genoux.
A partir d'Alès et les environs je retournais à Aix-en-Provence où je poursuivais mes études. Lazare est resté à Florac où il rêvait de tuer tous les miliciens et autres. Son père était un palestinien en France depuis vingt ans, remarquable ébéniste installé à coté de la rue de la République à Marseille.
En 1943, Pétain avait institué l'étoile jaune pour les juifs. Nous avions dit au père de Lazare de ne jamais mettre cette étoile. Il la portait malgré tout et fut arrêté par la milice à la gare St Charles et déporté, ce qui explique la fureur de Lazare.



Me voici avec la Traction prise à la milice. De dos à droite un officier soviétique qui avait été parachuté pour intervenir dans les maquis Français.

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